
20 ans après la loi handicap, l’accessibilité numérique revient sur le...
Agissons ensemble pour le mieux commun
L’accessibilité, c’est faire de bons sites pour tout le monde
Aurélien Levy œuvre depuis plus de 15 ans pour une meilleure accessibilité du web. À la tête de Temesis, entreprise spécialisée dans la qualité et la responsabilité numérique, il accompagne entreprises et institutions, dont MAIF, dans la conception de services numériques plus inclusifs. Il répond à nos questions.
Depuis le 28 juin 2025, l’accessibilité numérique franchit un cap décisif en Europe avec l’entrée en vigueur d’une directive européenne appelée European Accessibility Act. Ce texte impose de nouvelles exigences aux entreprises pour garantir que leurs produits et services – du commerce en ligne aux terminaux de paiement, en passant par les services bancaires ou de téléphonie – soient accessibles à tous, y compris aux personnes en situation de handicap.
Pour en parler, nous avons sollicité Aurélien Levy, le directeur général de Temesis. Cette agence experte en accessibilité numérique collabore avec nos équipes digitales MAIF pour améliorer l’accessibilité de nos services en ligne.
L’accessibilité numérique est souvent perçue comme une contrainte réglementaire. Comment abordez-vous ce sujet chez Temesis ?
Aurélien Levy : Chez nous, l’accessibilité est une composante de la qualité web. Notre objectif, c’est d’aider nos clients à faire de bons sites pour tout le monde. Cela inclut bien sûr les personnes en situation de handicap, mais cela passe également par une conception plus simple, plus économe en ressources, plus respectueuse des données personnelles. L’accessibilité, c’est bien souvent du bon sens en réalité.
Vous parlez de conception responsable. Qu’est-ce que cela implique concrètement ?
A.L. : Cela signifie faire des choix. Plutôt que d’empiler les fonctionnalités, on se concentre sur l’essentiel : ce qui est vraiment utile aux utilisateurs. C’est une démarche qui rejoint l’éco-conception. Plus un site est simple, plus il est facile à rendre accessible. Et cela ne coûte pas forcément plus cher : ce qui coûte, c’est de devoir tout reprendre après coup, faute d’avoir intégré ces enjeux dès le départ.
Vous accompagnez de nombreuses structures, dont MAIF. Observez-vous une évolution des mentalités dans la façon d’aborder l’accessibilité ?
A.L. : Oui, on observe une prise de conscience, notamment dans les entreprises à forte culture de valeurs humaines comme la MAIF. L’accessibilité devient un sujet transverse : design, développement, contenus, tout le monde est concerné. Et cela crée une dynamique vertueuse : en exigeant l’accessibilité de leurs prestataires, les grandes structures vont faire monter tout l’écosystème en compétence.
20 ans après la loi handicap,...
Lire l'articleL’Acte européen sur l’accessibilité a élargi les obligations à de nombreuses structures privées. Si on voyait ça comme une opportunité ? Pour les professionnels, s’engager dans cette démarche, peut non seulement répondre à une obligation légale, mais aussi affirmer des valeurs d’ouverture, d’innovation et de responsabilité sociale.
Certains cherchent ou proposent encore des solutions comme les surcouches d’accessibilité pour rendre les sites plus accessibles, pourquoi n'est-ce pas efficace ?
A.L. : Les surcouches d’accessibilité sont des outils logiciels ajoutés aux sites web qui promettent des fonctionnalités comme l’agrandissement du texte, le contraste élevé ou la lecture vocale. Mais ces solutions sont contre-productives car elles ne remplacent pas une vraie conception inclusive. Elles maquillent. Une personne malvoyante, par exemple, utilise déjà ses propres outils. Ce qu’elle attend, c’est que le site fonctionne avec eux, sans devoir tout reconfigurer pour prendre en compte ces surcouches. L’accessibilité, ce n’est pas proposer une version différente, c’est permettre à chacun d’accéder au même contenu, dans de bonnes conditions.
L’intelligence artificielle pourrait-elle changer la donne ?
A.L. : L’IA est un outil. Bien utilisée, elle peut faire gagner du temps, par exemple pour générer des transcriptions ou vérifier du code. Mais elle ne remplace pas la compétence humaine. Si on ne sait pas ce qu’on attend d’elle, on risque de valider des résultats erronés. L’accessibilité reste une affaire de culture, de formation et de responsabilité.
Un dernier mot pour les structures qui hésitent encore à se lancer ?
A.L. : L’accessibilité n’est pas une option, c’est un droit fondamental. Même si vous n’avez qu’un seul utilisateur aveugle, il a le droit d’accéder à vos services. Et au-delà de l’obligation, c’est une formidable opportunité de faire mieux, pour tout le monde.
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