
Aurélien Levy œuvre depuis plus de 15 ans pour une meilleure accessibilité...
Agissons ensemble pour le mieux commun
20 ans après la loi handicap, l’accessibilité numérique revient sur le devant de la scène. Et ce n’est plus une option. Depuis le 28 juin, l’Acte européen sur l’accessibilité élargit les obligations à de nombreuses structures privées, avec à la clé des sanctions financières pour les retardataires. Mais au lieu de paniquer, si on voyait ça comme une opportunité ?
L’accessibilité, ce n’est pas seulement une affaire de conformité. C’est d’abord une question de qualité. C’est ce que défend Aurélien Levy, directeur général de Témésis, qui accompagne depuis plus de quinze ans des entreprises comme la nôtre dans leur démarche d’accessibilité numérique. Notre rôle, c’est d’aider à faire des bons sites pour tout le monde
, résume-t-il. Et ce "tout le monde" inclut bien sûr les personnes en situation de handicap, mais pas seulement. Un site accessible, c’est un site plus clair, plus rapide et plus efficace pour tous.
Ce qui nous intéresse, ce n’est pas de rendre conforme un site mal conçu. C’est d’aider à concevoir des sites simples, efficaces, respectueux des utilisateurs et de l’environnement
, poursuit-il. Car oui, accessibilité et éco-conception vont souvent de pair : moins de fonctionnalités inutiles, moins de pages redondantes… bref, une meilleure expérience pour tous.
Pourtant, le chemin à parcourir reste long. En 2025, à mi- année, seuls 3,68 % des sites analysés par l’Observatoire de la Fédération des aveugles et amblyopes de France respectent pleinement leurs obligations d’accessibilité et moins de 0,4 % sont en conformité totale avec le Référentiel Général pour l’Amélioration de l’Accessibilité (RGAA). Pourtant soumis à une obligation de déclaration, nombre de services publics trainent pour se mettre en règle.
Depuis le 28 juin 2025, la directive européenne sur l’accessibilité impose de nouvelles obligations à de nombreux services et produits numériques : e-commerce, téléphonie, services bancaires, transports, etc. Toutes les entreprises de dix salariés et plus qui réalisent plus deux millions d’euros de chiffres d’affaires sont concernées. Les structures plus modestes peuvent être exemptées, mais elles devront justifier leur situation.
Se renseigner sur la directive accessibilitéLe vrai défi ? Changer les habitudes. Il faut parfois ralentir la cadence, prendre de la hauteur, et se demander : est-ce que je ne peux pas produire moins, mais mieux ?
, conseille Aurélien Levy. À la MAIF, nous avons pris ce virage culturel en 2019. Audits d’accessibilité, budgets sanctuarisés pour améliorer l’existant, formation des équipes… Une fois amorcée, la démarche est continue et exigeante. Mais l’accessibilité est désormais prise en compte dès la conception, en cohérence avec nos valeurs mutualistes. La mutuelle est un commun qui ne doit laisser personne en dehors
, rappelle Goulven Baron, lead designer à la MAIF.
De refontes en nouveaux développements, notre site maif.fr a atteint 60,8 % de conformité au RGAA lors de son dernier audit, en 2024. Ce résultat encourageant témoigne d’un engagement fort, mais le chemin vers une accessibilité optimale continue. En tant qu’entreprise mobilisant de nombreux prestataires, notre mutuelle porte une responsabilité que souligne Aurélien Levy : Dans les entreprises à fortes valeurs humaines comme MAIF, l’accessibilité devient un sujet transversal qui concerne de plus en plus de métiers. Et cela crée une dynamique vertueuse. C’est important car en exigeant l’accessibilité de leurs prestataires, les grandes structures vont faire monter tout l’écosystème en compétences
, positive-t-il.
Aurélien Levy œuvre depuis plus de 15...
Lire l'articleNous avons interrogé Aurélien Levy, le directeur général de l'entreprise Témésis, spécialisée dans la qualité web et l’accessibilité. Découvrez dans cette interview son analyse et ses conseils pour rendre le web plus inclusif.
Attention néanmoins aux fausses bonnes idées, comme les “surcouches” d’accessibilité. Ces outils qui promettent de rendre un site accessible en un clic, sont souvent de simples artifices. C’est du maquillage qui ne corrige pas les problèmes fondamentaux du code source du site
, prévient Aurélien Levy. Pire, elles peuvent interférer avec les technologies d’assistance comme les lecteurs d’écran, et freinent la mise en place de solutions en donnant une fausse impression de conformité aux normes d’accessibilité. Ce qu’il faut, c’est concevoir accessible dès le départ
, insiste le directeur général de Temesis. Un site bien conçu fonctionne avec les outils habituels des personnes en situation de handicap, sans qu’elles aient besoin de tout reconfigurer.
Et l’intelligence artificielle dans tout ça ? L’IA est un outil, elle peut donc aider… ou compliquer les choses. Si on ne sait pas ce qu’on attend d’elle, elle va produire des choses inaccessibles
, prévient notre expert. Bien utilisée, elle peut cependant accélérer certaines tâches, comme la transcription automatique ou la génération de sous-titres par exemple. Mal maîtrisée, elle peut au contraire renforcer les biais et complexifier l’expérience.
Car l’accessibilité, c’est aussi une affaire de regard, de culture et de remise en question. « C’est difficile d’anticiper d’autres besoins que les siens », confie Tamara Sredojevic, UX designer et référente accessibilité numérique à la MAIF. Dans une société où les personnes handicapées sont exclues et prises en pitié, on perpétue des biais sans même s’en rendre compte.
C’est ce qu’on appelle le validisme. Tamara animera une conférence sur ce sujet le 26 septembre lors de Paris Web 2025 : "Design validiste : comment rompre les normes systémiques".
C’est bien de cela qu’il s’agit : prendre le temps de se poser les bonnes questions. Produire moins, mais mieux. Et faire de l’accessibilité un levier de transformation positive.
Envie d’en savoir plus ? Rendez-vous à Paris Web, les 25 et 26 septembre prochains. MAIF est partenaire de cet événement incontournable dédié à la qualité et à l’accessibilité du web. L’occasion de découvrir des solutions concrètes, des retours d’expérience inspirants, et de rencontrer celles et ceux qui font avancer le numérique responsable.
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