AGORAé : l'épicerie solidaire au secours des étudiants

Le constat d’Eden, étudiant en deuxième année de master MEEF (préparation au métier d’enseignant), est sans appel.  J’ai beaucoup d’heures de cours, je ne peux travailler que l’été. Ça ne suffit pas à tenir toute l’année.  Même constat pour Johanna¹, en cinquième année de droit public :  Avant, je m’en sortais en mangeant du riz et des pâtes. Mais avec l’inflation, je n’y arrive plus. Tout est devenu trop cher. En venant ici, je peux manger équilibré en respectant mon budget. 

Panier moyen à 4 €

Chaque semaine, une soixantaine d’étudiants font leurs courses dans l’épicerie solidaire du campus de Poitiers. Ici comme dans l’ensemble des AGORAé du territoire français, tout est à 10 % des prix du commerce et les produits d’hygiène sont majoritairement gratuits. Panier moyen pour une semaine par étudiant : quatre euros.  La nourriture est achetée à la banque alimentaire, les produits d’hygiène sur le site de l’Agence du don en nature , précise Marie-Sarah, présidente de l’AFEP, l’asso étudiante qui assure la gestion des lieux.  Nous avons 350 bénéficiaires inscrits. Les services sociaux universitaires déterminent la liste des ayants droit, en fonction de leur reste à vivre. 

Un commerce comme les autres

Les étudiants disposent ensuite d’une carte nominative à présenter lors de leur passage en caisse.  C’est comme au supermarché, chacun choisit les produits qu’il souhaite dans les limites de quantité précisées, et passe ensuite vers nous pour scanner les articles et régler ses achats.  Pas plus de trois personnes à la fois dans l’épicerie et des denrées rationnées comme les protéines animales.  Quand je peux, je complète avec des courses en grande surface car je fais beaucoup de sport et j’ai besoin de plus de viande que ce que je peux acheter ici , confie Ashrar, étudiant en chimie.

Solidarité entre pairs

Côté organisation, Marie-Sarah peut compter sur son vice-président, Tom, futur assistant social. J’aime me sentir utile. J’ai commencé comme bénévole avant de prendre plus de responsabilités.  En tout, douze membres de l’AFEP se relaient toute l’année, aux côtés d’une quinzaine de bénévoles supplémentaires qui donnent deux heures de leur temps dans le cadre d’unités d’enseignements d’ouverture, proposées aux étudiants de licence 2. Et grâce à la FAGE, on dispose de deux services civiques qui travaillent à 100 % pour l’épicerie.  Comme Erwan, en poste depuis janvier :  Ma mission consiste à gérer l’épicerie au quotidien et à guider les nouveaux bénévoles. Je vais chercher les denrées à la banque alimentaire, je m'occupe du stock, de la caisse...  Diplômé en arts du spectacle, il a acquis de nouvelles compétences.  Quand j’ai commencé mon service civique, je ne connaissais rien à cet univers. J’ai appris sur le terrain, avec la motivation d'aider les étudiants dans le besoin. 

Un réseau national

À ce jour, on recense 42 AGORAés parrainées par la FAGE.  Les épiceries sont autogérées par les étudiants sur chaque campus. Nous leur apportons un accompagnement logistique, administratif et financier , précise Orlane Guérand, directrice générale de la fédération.

 Grâce au soutien de MAIF Solutions Financières en 2024, nous avons ouvert une AGORAé à Besançon et une autre à Aix-en-Provence.  Trois épiceries supplémentaires devraient voir le jour cette année et d’ici 2026 en Outre-mer.