Énergie partagée, citoyens aux commandes

Ex-ingénieur à la retraite, Francis Philbert a participé en 2019, avec une trentaine de personnes, à la fondation de FabriKWatt en Charente.  Après des années au ministère de l’Environnement, j’étais las des beaux discours, j’avais envie de mettre les mains dans le cambouis.  Résultat quatre ans plus tard : la toiture du gymnase de Ruelle-sur-Touvre est désormais recouverte de 1 000 mètres carrés de panneaux solaires, pour une production de 200 kilowatts-crête. Le fruit d’un effort collectif de 300 sociétaires.

La transition accessible à tous

 Chacun peut s’investir comme il le souhaite, en fonction de ses compétences. Certains viennent aux assemblées générales, d’autres donnent plus de temps personnel , explique Clément Vernédal, professeur en lycée, qui consacre ses vendredis matin à CV Énergies Cœur de Corrèze, le projet citoyen monté autour de Tulle (19) et dont il est le président.  Ce qui me séduit, c’est l’aspect démocratique. Nous sommes 160 sociétaires – particuliers, collectivités, entreprises – et quel que soit le nombre de parts sociales que l’on possède, une personne égale une voix.  Pour devenir sociétaire, il suffit d’acquérir une part sociale, dont le montant est fixé à 50 euros.  Et le capital social pris est entre 50 et 5 000 euros. C’est-à-dire que ceux qui ont investi le plus l’ont fait à hauteur de 5 000 euros, et les plus petits investisseurs ont mis 50 euros. Soit une part entre 1 et 100 . Une façon de permettre au plus grand nombre d’être acteurs de la transition énergétique sur son territoire, en limitant les écarts d’investissement.

S’investir au quotidien

Ou pas ! Chez FabriKwatt, comme dans chaque projet citoyen, on est libre de s’impliquer à hauteur de son envie, sa disponibilité et ses compétences.  Nous avons trois ateliers : un atelier veille, recherche et développement, un atelier administration, finance et juridique, et enfin un atelier coopératif pour tout ce qui concerne la mobilisation citoyenne, l'information, la communication…  Si le projet de Fabrice semble bien ficelé, tout cela ne s'est pas fait en un jour.

Un réseau national

Le point commun de tous ces projets ? Énergie Partagée. L’association possède antennes et partenaires dans tout l’Hexagone pour accompagner les citoyens, les aider à monter leur dossier, sourcer les partenaires, etc.  Nous sommes des citoyens, certains d’entre nous partent de zéro, donc c'est important d'être bien accompagnés pour pouvoir durer et réussir nos projets.  C’est ainsi que Nadine Juhel a notamment appris à constituer un conseil coopératif pour la gestion de projets citoyens, comme celui des Lucioles à La Rochelle (17) dont elle est un membre actif.

La force c’est le nombre

 Pour chaque projet d’installation photovoltaïque, on recrute de nouveaux sociétaires en grappe citoyenne , précise Nadine. Plus il y a de sociétaires qui investissent, plus l’apport de financement du projet est solide et permet d’envisager de plus grands chantiers. Une fois l’installation photovoltaïque mise en service, l’électricité produite est revendue à EDF.  Pour l’instant, la revente permet de rembourser le prêt, mais on espère offrir aux sociétaires une rentabilité minimale autour du taux du livret A , confie le président de CV Énergies Corrèze.

Priorité aujourd’hui : trouver d’autres toitures pour développer de nouveaux projets et accélérer la transition énergétique.  Les collectivités n’y arriveront pas sans nous, soutient Nadine Juhel. Il faut mobiliser les citoyens pour qu’ils comprennent et s’approprient les énergies renouvelables afin qu'elles soient développées par les citoyens, pour les citoyens.