Réparer soi-même son vélo : devenez vélonome !

Écoconcevoir et réparer pour limiter les déchets

Environ 3 millions de vélos neufs sont vendus chaque année en France, dont 800 000 modèles à assistance électrique. Dans le même temps, d’innombrables bicyclettes prennent la poussière dans les garages et caves d’immeubles.  Ce sont généralement des vélos avec une roue crevée ou une panne mineure. Leurs propriétaires retardent la réparation, et le vélo tombe dans l'oubli , relate Antoine Garandeau, co-directeur de l’association ReCycle-Moi, à Roubaix, qui a l’ambition de remettre en circulation 10 000 bicyclettes par an dans le département du Nord et ses alentours.

Pour écouler les vélos remis en état, ReCycle-Moi développe une filière « flotte d’entreprises et collectivités » : n’hésitez pas à contacter Antoine Garandeau (06 27 67 27 42) si l’envie vous vient de mettre vos collaborateurs à la mobilité douce ! 

Recycler 10 000 bicyclettes par an : l’objectif semble immense. En réalité, c’est une goutte d’eau : en estimation basse, à l’échelon national, 1,2 million de bicyclettes sont portées chaque année en déchetterie. Alors certes, l’acier ou l’aluminium qui les compose est recyclé, à hauteur d’environ 29 000 tonnes par an*.  Mais, dans les recommandations du code de l’environnement, le recyclage arrive seulement en troisième place. Pour un monde durable, il faut d’abord privilégier l'écoconception et la réparation, puis le réemploi de ce qui a déjà été fabriqué. Plutôt que de jeter un vélo, on cherche à prolonger au maximum sa durée de vie, sans se ruiner , explique Pierre-Eric Letellier, chargé de mission au sein du réseau L’Heureux Cyclage. 

Un vélo dure 7 ans

Beaucoup de cyclistes roulent sur un vélo mal entretenu, faute de connaissances. Un vélo bien graissé et bien réglé roule pourtant beaucoup mieux et s’use moins vite. Et avec des pneus bien gonflés, le plaisir de rouler est décuplé ! En Allemagne, la durée moyenne d’utilisation d’un vélo est estimée à 12 ans contre seulement 6 ou 7 en France. La raison principale de cet écart, c’est la qualité de fabrication initiale, avec l’idée que l’on entretient plus volontiers un objet dans lequel on a investi un certain prix.  En France, il se vend beaucoup de vélos d’entrée de gamme qui présentent des fragilités au niveau des freins ou du changement de vitesse. Sur ces modèles, les pièces métalliques sont souvent remplacées par du plastique , constate Pierre-Eric Letellier. En réponse, l'atelier associatif qu’il anime en Creuse pratique le réassemblage.  Nous récupérons énormément de VTT qui dorment au fond des garages. Très à la mode il y a 15 ans, leur poids et leurs larges roues crantées sont inadaptés à un usage urbain. On va donc les reconstruire, à partir de pièces récupérées sur d’autres vélos , témoigne Pierre-Eric Letellier.  C’est ainsi que j’ai découvert l’auto-réparation. À l’époque, je roulais sur un vieux biclou et ne connaissais rien à la mécanique. Confier la rénovation de ma monture à un professionnel aurait coûté plus d’argent qu’elle n’en vaut. Dans cet atelier, avec l’aide pédagogique des bénévoles et les outils mis à ma disposition, je l’ai refait de A à Z en quelques séances. 

Apprendre à réparer soi-même son vélo

Pour réparer son vélo en panne, le plus simple est de le confier à un magasin spécialisé. Mais la file d’attente peut être longue et l’addition monte vite ! Une solution plus économique consiste à apprendre à entretenir soi-même sa monture. Plus écologique aussi.  Pour une crevaison, un réparateur professionnel ne perd généralement pas de temps à réparer la chambre à air. Dans une association, on apprend à poser une rustine ce qui nous évite beaucoup de gaspillage , témoigne Pierre-Eric Letellier. Il existe près de 500 ateliers d’auto-réparation en France. À Charenton-le-Pont, en banlieue parisienne, Jean-Michel Gazagne anime Roues Libres. Géré à 100 % par ses bénévoles, l’atelier ouvre deux dimanches par mois. En complément, une unité mobile a été créée (avec le soutien de MAIF) pour partir à la rencontre des quartiers.

Désencombrer les caves

En échange de leur cotisation annuelle**, les membres de Roues Libres accèdent au local, aux outils et à un important stock de pièces détachées d’occasion. Ils bénéficient également des conseils des adhérents, dont un réparateur professionnel.  La transmission de savoir-faire est au cœur de notre projet. On ne répare pas à la place des autres, on apprend à devenir autonome dans l’entretien courant de sa monture. Lubrifier, réparer une chambre à air, changer les patins de frein ou le câble de dérailleur… . Des opérations d’apparence aisée mais pour lesquelles il est facile de se tromper ! Roues Libres est l’un des rares ateliers d’auto-réparation à bénéficier d’un local municipal.  Au départ du projet, le maire de Charenton était justement en train de monter un plan vélo. À sa demande, nous avons testé un stand de plein air un jour de marché. Le succès a été tel qu’il nous a immédiatement inclus à son projet.  Depuis sa création en 2021, Roues Libres multiplie les initiatives. Notamment, l’association aide les syndics de copropriété à se débarrasser des vélos qui encombrent les caves.  Les propriétaires et locataires ont un mois pour marquer leurs vélos. Au terme de ce délai, nous sommes autorisés à emporter tous les vélos non marqués, qui constituent notre stock de pièces de rechange , explique Jean-Michel Gazagne.