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18 novembre 2019

Esprit critique : en sommes-nous vraiment pourvus ?

En résumé

Les fausses informations pullulent sur le web. Le phénomène est avéré et les exemples sont nombreux. Plutôt que de rechercher les coupables, nous pouvons aussi questionner nos habitudes.

© GettyImages

Nous passons en effet un temps fou sur nos écrans. « Au risque de se couper du monde réel », estime l’Institut d’éducation médicale et de prévention (IEMP). L’homo sapiens rivé sur son smartphone : l’image est entrée dans notre quotidien. « Jeter des regards à son écran alors même qu’on échange avec quelqu’un, avoir des absences dans la conversation d’un groupe, car affairé à répondre à un message… Tous ces comportements auparavant inacceptables sont aujourd’hui tolérés, comme si de moins en moins de personnes se sentaient en mesure de revendiquer eux-mêmes une bienséance numérique irréprochable », analyse le psychologue Bahman Ajang. Surexposés à l’information, nous sommes statistiquement exposés à la manipulation. Lors de la campagne présidentielle américaine de 2016, 25 % des tweets contenant un lien vers un article en ligne dirigeait vers des contenus fallacieux. C’est ce qui ressort d’une étude publiée en février 2019 par Alexandre Bovet, chercheur à l’Université catholique de Louvain.

Infox : la nouvelle épidémie du web ?

Comment s’informent les Français ? À quels médias accordent-ils leur confiance ? Qu’est-ce qui fait qu’ils croient ou non en la véracité d’une information ? La MAIF et Reputation Squad ont mené l’enquête…

L'étude complète

Vérifier l’info : loin d’être acquis

78 % des jeunes Français échouent à identifier le Gorafi comme une source d’information parodique, alors même que sa rubrique « À propos » le stipule en toutes lettres. C’est l’un des chiffres marquants de l’étude MAIF/Reputation Squad révélée le 18 novembre 2019. Et à peine plus de la moitié des adultes a le réflexe de vérifier la validité d’une information. Les jeunes générations sont encore plus vulnérables : elles s’informent majoritairement sur les réseaux sociaux, en cultivant les mauvais réflexes. Rose-Marie Farinella, professeure des écoles à Taninges (74) et ancienne journaliste, s’est donnée pour mission d’aborder le sujet avec des élèves volontaires de CM2. Les résultats sont spectaculaires : les enfants, loin d’être naïfs, sont des excellents traqueurs d’infox. Mais qu’en sera-t-il quand ce seront les vidéos qui seront bidonnées, avec tout le talent nécessaire pour les rendre crédibles ? France TV Éducation pose la question dans un inquiétant documentaire… Par ailleurs, faut-il réserver ce type d’enseignement aux enfants ?  Une étude publiée en 2019 par Princeton University indique que les seniors de plus de 65 ans partagent en moyenne 7 fois plus de contenus fallacieux que les jeunes de 18 à 29 ans.

Débusquer une « fake new » ou un photomontage : un jeu d’enfant dans cette école de Taninges (74). Cette série de 4 vidéos est proposée par la chaîne Youtube Hygiène mentale sous licence Creative Common. (16'47)

Une addiction entretenue

Partout dans le monde, le chiffre d’affaires de la publicité en ligne a dépassé celui de la publicité télévisée. Google et Facebook captent à eux seuls 90 % de la croissance de ce marché. L’économie de l’attention, qui vise à capter notre « temps de cerveau disponible », est au cœur de ces entreprises du secteur numérique. Notre addiction aux écrans est savamment entretenue par les algorithmes. D’une façon finalement assez simple : les contenus du web marchand sont conçus pour déclencher la sécrétion de dopamine, une drogue dont nos cerveaux ne seront jamais rassasiés… Par ailleurs, le « biais de confirmation » est l’un des travers cognitifs les mieux partagés au monde : il désigne la tendance à sélectionner les informations qui confirment ce que l’on pense déjà plutôt que d’aller chercher la contradiction. Ce phénomène est amplifié par les algorithmes de distribution de contenus : ce qui est affiché à l’écran s’inspire de ce qui a été apprécié auparavant. Petit à petit, l’internaute est enfermé dans une « bulle » dont il est difficile de s’extraire.

Ni trop, ni trop peu

L’addiction aux écrans n’a rien d’inéluctable. L’IEMP conseille en premier de tenir un agenda pour laisser du temps à la « vie réelle » : faire du sport, bricoler, jardiner, lire...

Les conseils anti-addiction de l'IEMP
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