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En résumé
La Fondation MAIF pour la recherche relance son concours de vidéos Grand Angle, un défi créatif qui récompense chaque année sept courts-métrages mettant en valeur un sujet scientifique autour de la prévention. En 2025, les participants s’intéressent aux nudges. Mais au fait, c’est quoi un nudge ? Et quel rapport avec la prévention des risques ?
Les nudges, c’est le thème du concours « Grand Angle » 2025 qui se déroule en ce moment. Cette compétition de vidéos organisée par la Fondation MAIF pour la recherche met en lumière un sujet scientifique autour des risques et des solutions pour s’en prémunir. Une occasion d'en apprendre un peu plus sur cet outil issu des sciences comportementales.
Avez-vous entendu parler d’un escalier transformé en piano géant dans les galeries du métro de Stockholm, ou observé de petits aménagements au fond d'un urinoir ? Ces mises en scène sont des nudges – en français, on parle de coup de coude ou de coup de pouce – : une méthode douce pour influencer nos comportements. Par exemple, inciter à monter les escaliers à pied ou aider à mieux viser aux toilettes.
Si le mot ne nous est pas très familier, les "nudges" sont déjà partout : des marquages au sol de distanciation physique dans les lieux publics à l’étiquetage alimentaire identifiant les produits moins gras et sucrés, par exemple. Autant de signaux destinés à modifier les habitudes, sans nécessiter un niveau d’attention élevé de notre part.
Basé sur les sciences comportementales, le nudge a été popularisé par Richard Thaler, lauréat du prix Nobel d'économie en 2017. À rebours de l'idée que nous sommes des êtres rationnels, Thaler a démontré que nos décisions sont souvent influencées par nos émotions et par nos biais cognitifs : des raccourcis mentaux qui, au quotidien, nous aident à décider rapidement.
Le nudge, c’est donc ce coup de pouce plus ou moins subtil qui nous pousse à agir en jouant sur ces raccourcis. Un nudge va généralement faire basculer des gens qui n’ont pas décidé clairement d’un comportement mais qui n’ont rien contre le fait d’adopter celui qu’on leur suggère. Des gens indécis, il y en a toujours, c’est pour ça que c’est efficace. Ce n'est pas magique, c'est un vrai sujet scientifique
, nous explique Marc Rigolot, le directeur de la Fondation MAIF pour la recherche.
Pour comprendre et prévenir les risques qui affectent notre quotidien, la fondation que dirige Marc Rigolot finance des projets scientifiques. Et si elle s’intéresse aux sciences sociales et comportementales, dont relève la théorie des nudges, c’est qu'elles ont fait leurs preuves. Pour faire de la prévention, les approches traditionnelles basées sur l’information et la sensibilisation ne suffisent pas. Il faut évidemment informer les gens des risques qu'ils encourent mais cette connaissance ne suffit pas à changer certains comportements. Alors que les sciences comportementales nous prouvent que des réflexes dirigés par l’émotion sont beaucoup plus forts que des décisions rationnelles
, confirme Marc Rigolot.
On parle ici de boucler sa ceinture de sécurité, bien sûr ! En 2018, notre fondation a en effet mené un projet pour inciter les adolescents à s'attacher dans les cars scolaires, avec Keolis, Anateep et BVA Nudges. Plutôt que d'imposer des règles strictes, le projet a utilisé des nudges dont, notamment, le "malassi". C’est un fourreau aux couleurs flashy que nous avons clipsé sur les ceintures de sécurité. Les adolescents ne peuvent pas l’ignorer, on touche ainsi à ce qu’on appelle le biais de saillance, une tendance que nous avons à nous focaliser sur les éléments voyants ou les informations surprenantes de notre environnement
, décrypte Marc Rigolot. L’autre caractéristique de ce fourreau, c’est qu’il rend l'assise inconfortable si la ceinture n'est pas attachée. Déployée dans des cars de la région Rhône-Alpes dès 2018, cette approche a permis de multiplier par 2,4 le taux de port de la ceinture parmi les jeunes passagers, le faisant passer de 10 à 24 %. Une solution récompensée en 2020 par un prix Innovation de la Sécurité routière.
En ce moment, cet autre projet de recherche soutenu par la Fondation MAIF expérimente lui aussi des nudges. Sa cible prioritaire : les cyclistes. Lorsque je suis à vélo, je peux être tenté de ne pas m’arrêter au feu rouge lorsque je vois les autres cyclistes griller le feu. C’est une sorte de mimétisme social, pas forcément un comportement calculé
, relève Stéphane Caro. Ingénieur de recherche à l’université Gustave-Eiffel. Ces derniers mois, avec Rustam Romaniuc, enseignant chercheur en économie comportementale à Montpellier Business School, Stéphane Caro teste l'influence d'un nouveau type de signalisation sur la prudence des cyclistes en ville. Et pour vérifier leurs hypothèses sans mettre en danger qui que ce soit, les deux chercheurs s'appuient sur un impressionnant simulateur de vélo au sein du laboratoire PiCS-L de l'université.
Dans cette vidéo, la Fondation MAIF nous emmène à la rencontre à la rencontre de Stéphane Caro et Rustam Romaniuc, à l'université Gustave-Eiffel, pour en savoir plus sur ce projet qu'elle soutient.
Regarder la vidéo Quand on a imaginé le marquage au sol, on a fait en sorte que la séparation entre le cycliste et les voitures soit plus claire et plus marquante, notamment de nuit, grâce à des matériaux réfléchissants. On a aussi utilisé l’idée de gratification qui se traduit, par exemple, par un panneau montrant un pouce en l’air pour les féliciter d'avoir bien respecté le feu rouge
, précise Rustam Romaniuc. Si la gratification fonctionne bien pour encourager un nouveau comportement, c'est qu'elle génère de la dopamine, cette molécule sécrétée par notre cerveau lorsque nous sommes satisfaits, récompensés et motivés. La même qui nous rend accro aux réseaux sociaux et à leurs "likes"
, relève Marc Rigolot. L'occasion de rappeler que les sciences comportementales et les nudges ne sont pas toujours développés et appliqués à d'aussi louables intentions.
Vous voilà familiarisés avec les nudges et l'usage qu'en fait la Fondation MAIF pour la recherche et ses partenaires. Si le sujet vous inspire, vous avez jusqu'au 14 avril pour envoyer votre vidéo. Vos productions seront présentées à un jury de professionnels composé d’une dizaine de personnalités issues du corps scientifique ainsi que du milieu de l’audiovisuel et du cinéma. Sept lauréats seront récompensés d'un prix allant de 1 000 à 5 000 euros :
Les trois Prix des écoles :
Et si vous ne vous sentez pas une âme de réalisatrice ou réalisateur de vidéo, ne ratez pas la mise en ligne des vidéos. Du 22 avril au 12 mai, vos vues et likes, aideront notre jury à déterminer ses lauréats.
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