Des jouets (recyclés) par milliers

Ça tombe bien, Le temps des retrouvailles, petite échoppe de 60 m² située à Diémoz, près de Lyon, rachète aux particuliers les jouets qui dorment pour leur offrir une nouvelle vie. Derrière le comptoir, le patron, Kévin Lendormy, et Benjamin, son collaborateur depuis plus d’un an, s’affairent.  Quand il n’y a pas de clients à conseiller ou de jouets à reprendre, on est derrière, dans l’atelier, à remettre en état les jouets. 

Porter de nouvelles valeurs pour ses enfants

Voilà bientôt dix ans que ce père de deux enfants, aujourd’hui adolescents, a décidé de quitter le monde de la grande distribution pour promouvoir la seconde main.  J’ai vendu une grande quantité de jouets neufs avant de changer de métier.  Après plusieurs années passées comme directeur de magasin d’une grande enseigne de jouets, il démissionne et s’engage quelques mois comme bénévole chez Emmaüs.  J’ai réalisé que les jouets d’occasion étaient très présents dans les dons et qu’il y avait une réelle demande de la part des consommateurs pour des jouets moins chers.  Nous sommes alors à la fin des années 2010 et le marché de l’occasion sort doucement du bois.

Changer les habitudes

Les débuts ne sont pas évidents. Kévin doit multiplier les brocantes pour se créer un stock avant de pouvoir ouvrir les portes de sa boutique.  On a ouvert à l’été 2017, c’était compliqué, car nous sommes situés dans une petite commune de 2 000 habitants. Heureusement, on a pu se faire connaître grâce aux réseaux sociaux.  Les médias locaux et nationaux s’intéressent petit à petit à son concept.  À l’époque, on était quasiment les seuls en France à proposer de la vente directe de jouets de seconde main, hors associations.  Grâce à cette nouvelle visibilité, Le temps des retrouvailles attire les clients et les dépôts. Plus besoin de multiplier les vide-greniers tous les dimanches matin.  Je continue à en faire quelques-uns pour le plaisir de chiner et dénicher des pépites. 

Des jouets de qualité

Sur les étagères du magasin – toutes en bois recyclé – on trouve toutes sortes de jouets, de jeux de société et même des livres. Un seul mot d’ordre :  On ne revalorise pas les copies achetées en bazar et souvent de mauvaise qualité. On priorise les jouets de grandes marques, de bonne facture, en bon état et sans pièces manquantes.  Les objets sont ainsi systématiquement rachetés à ceux qui viennent les déposer.  Nous ne prenons pas de dons, pour des raisons de stockage notamment.  À la boutique, pas de réparations non plus,  pour des questions d’assurance  en cas de risque d’ingestion par les tout-petits par exemple.

Tenir la distance

En huit ans d’existence, Kévin est fier de pouvoir dire que sa boutique fonctionne.  J’en connais qui ont voulu se lancer, mais qui n’ont pas réussi à perdurer.  Le temps des retrouvailles est ouvert tous les jours, toute l’année, et côté clientèle, il n’est plus tabou d’acheter des jouets d’occasion pour les offrir ensuite. La difficulté est ailleurs, en ligne.  Les gens ont pris conscience de la valeur de leurs objets du quotidien et passent désormais par des plateformes entre particuliers pour les revendre.  Une bonne nouvelle pour l’économie circulaire, un peu moins pour son chiffre d’affaires.  Un jouet qu’on rachète trois euros, on doit le revendre dix euros en boutique si l’on veut pouvoir se dégager une marge. Dans ces conditions, c’est compliqué de rivaliser avec la vente directe entre particuliers. 

Valoriser l’expérientiel

Si la boutique s’appelle Le temps des retrouvailles, ça n’est pas pour rien. Dès sa création, Kévin l’a imaginée comme un lieu où l’on prendrait le temps d’échanger, de partager des conseils autour des jeux et des jouets, un lieu de rendez-vous pour les collectionneurs de jouets vintage aussi. Aujourd’hui, le père de famille a décidé de donner un nouveau souffle à son magasin.  Le 9 novembre dernier, nous avons inauguré un nouvel espace évènementiel pour les anniversaires. Une grande pièce de 20 m² avec jouets à disposition et un coin goûter.  Ce nouveau service est proposé aux parents d’enfants à partir de 4 ans et jusqu’à six participants. Objectif ? Donner encore plus de sens au nom de la boutique tout en renforçant l’aspect humain de la seconde main.

Coup de cœur MAIF

Le 19 novembre, Le temps des retrouvailles recevra officiellement son prix Coup de cœur MAIF Commerce engagé.  Ça fait du bien de voir notre travail valorisé, a fortiori par un jury de professionnels.  En complément du coup de projecteur sur son commerce, Kévin Lendormy pourra bénéficier d’une formation gratuite sur mesure pour l’aider à déployer une démarche de responsabilité sociétale dans son entreprise.