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11 octobre 2023 | Pays de la Loire

Dividende écologique : restaurer une rivière, pour quoi faire ?

Permettre à la nature de reprendre sa place, c’est une des clés pour nous adapter à l'évolution du climat. C’est à cela que nous consacrons une part de notre dividende écologique. Rendez-vous sur les berges du Lathan, une rivière du Maine-et-Loire dont nous soutenons la restauration écologique. Un projet indispensable pour préserver la ressource en eau du territoire et protéger ses habitants des inondations.

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Les travaux ont démarré depuis quelques jours seulement sur les berges du Lathan. Helène Hannoir, administratrice de la MAIF et présidente du Fonds MAIF pour le vivant, et Yves Pellicier, président de la MAIF sont allés à la rencontre du SMBAA qui porte ce projet, en compagnie de Marianne Louradour, présidente de CDC Biodiversité.© David Priou - Atypix / MAIF

C’est le tout premier projet qui bénéficie des fonds de notre dividende écologique. Pour le découvrir, nous nous écartons d’Angers pour rejoindre la forêt domaniale du Noyantais, au cœur du Maine-et-Loire. Ici, le Syndicat mixte du bassin de l’Authion et de ses Affluents (SMBAA) a démarré un ambitieux projet de renaturation du Lathan.

Visite de terrain

 Les graviers et les blocs de pierre que vous voyez, nous les avons apportés pour constituer un radier. Il rehausse le niveau d'eau et permet à la faune aquatique et aux sédiments de circuler. Nous en prévoyons une cinquantaine au total. Là-bas, nous sommes en train d’aménager une banquette pour réduire la largeur du lit et le rendre plus sinueux , nous explique Maud Guilpin, la technicienne rivière qui veille sur ce cours d’eau au sein du SMBAA. Le chantier ne s’étend encore que sur quelques centaines de mètres, vite arpentées. Mais d’ici à fin 2025, douze kilomètres seront restaurés. 

 C’est un projet d’une ampleur exceptionnelle, que nous n’aurions jamais pu financer sans votre aide , se réjouit son directeur Arnaud Decas, en accueillant le président MAIF Yves Pellicier, Hélène Hannoir, administratrice MAIF et présidente du Fonds MAIF pour le vivant et Marianne Louradour, présidente de CDC Biodiversité, notre partenaire. C’est grâce à cette filiale du groupe Caisse des dépôts et à son Fonds Nature 2050, expert dans l’accompagnement de projets de restauration de la biodiversité, que nous avons découvert ce projet et choisi d’y prendre part.  C’est un moment rare d’être sur le terrain avec le porteur de projet et son contributeur, relève Marianne Louradour. Merci au SMBAA de porter un projet aussi impactant pour la résilience du territoire. Et merci à MAIF et au Fonds MAIF pour le vivant pour leur engagement ambitieux en faveur de la biodiversité, à travers les solutions fondées sur la nature. Ce partenariat accélère significativement le déploiement de Nature 2050 et envoie un signal à tous les acteurs économiques sur l'importance de l'engagement volontaire. 

Maif
Fonds MAIF pour le vivant

Alimenté par le dividende écologique...

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Qu’est-ce que le Fonds MAIF pour le vivant ?

Présidé par Hélène Hannoir, le Fonds MAIF pour le vivant est un fonds de dotation alimenté par le dividende écologique que notre groupe a créé en 2023. Il finance des projets qui protègent ou régénèrent la biodiversité, tout en améliorant la résilience des territoires au changement climatique.
 

Réparer les erreurs du passé

Comme de nombreux cours d’eau en Maine-et-Loire, le Lathan a vu son lit élargi, creusé et son tracé rectifié dans les années 80. La voie d’eau sinueuse et chantante est ainsi devenue une voie rapide. En supprimant les fonds caillouteux et en effaçant ses méandres, les aménagements de l’époque ont non seulement détruit l’habitat de plusieurs espèces, mais ils ont aussi réduit le pouvoir de recharge des nappes phréatiques et déplacé le risque d’inondation qui pesait sur certaines communes, comme celle de Longué-Jumelles, située en aval.

Si le projet va rendre au Lathan un cours plus naturel, il permettra surtout au territoire de mieux maîtriser la ressource en eau. Dans ce secteur rural, marqué par la sécheresse de 2022, sa reconquête et sa préservation sont devenues des enjeux stratégiques majeurs.  La situation que nous avons vécue en 2022 était alarmante. Cette année-là, nos agents ont recensé l’état des rivières chaque semaine dès le mois de juin. À la mi-août, sur les 1 300 km de cours d’eau que nous surveillions, plus de 600 étaient à sec , rapporte Arnaud Decas. Avec des conséquences immédiates : perte de biodiversité, dévalorisation du patrimoine et des conditions critiques pour les agriculteurs.

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Comme une éponge, une zone humide qui fonctionne bien limite les inondations en stockant et absorbant l’eau en excès en période de pluie, pour la restituer lors de la saison sèche.© David Priou - Atypix / MAIF

Mieux résister aux vagues de sécheresse

 Notre secteur, celui de l’assurance, est particulièrement confronté aux impacts du dérèglement climatique. Le dividende écologique nous permet de lutter, à notre niveau, contre ce bouleversement profond. Et nous avons besoin des acteurs du territoire pour apporter des solutions utiles à nos concitoyens et à notre planète , insiste Yves Pellicier, président de la MAIF.

Rehausser le lit d’une rivière pour lutter contre les inondations ou la sécheresse ? L’idée peut sembler contre-intuitive ! Le directeur du SMBAA, Arnaud Decas, nous l‘explique :  Quand on approfondit un cours d’eau comme le Lathan, le niveau de sa nappe d’accompagnement s’abaisse d’autant mais l’inverse est vrai également. En rehaussant le lit de 50 cm, nous permettons au volume de la nappe d’augmenter sur toute la largeur de la vallée. Cela représente des dizaines de milliers de mètres cubes d'eau stockées sous nos pieds en hiver, qui pourront être restituées en été. 
 

Anticiper les débordements

La partie la plus ambitieuse du projet se situe quelques centaines de mètres au-delà de notre lieu de visite. À l’écart des cultures, des fermes et des maisons, elle vise à reconstituer une vaste zone humide autour d’un bras de rivière. En y débordant régulièrement, les crues rechargeront la nappe et réduiront le risque d’inondation sur les zones habitées.

 Nous avons 650 irriguants dans le bassin de l’Authion, à qui l’eau devrait manquer de plus en plus, notamment en été. Au lieu de laisser l’eau s’évacuer à toute vitesse vers la Loire, aux portes d’Angers, nous avons grand intérêt à la conserver sur le territoire , défend Jean-Claude Chaussepied. Élu du syndicat sur le territoire du Lathan, cet ancien agriculteur a déployé beaucoup d’énergie pour expliquer et convaincre propriétaires et usagers, avec d'autres élus du syndicat.

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« Nous avons besoin des acteurs du territoire pour apporter des solutions utiles à nos concitoyens », a rappelé Yves Pellicier, le président de la MAIF.© David Priou - Atypix / MAIF

Agriculteurs et forestiers, riverains et élus… tous ont été associés à ce projet. Une concertation indispensable lorsqu’on touche à une ressource aussi sensible.  Nous restaurons cet endroit en respectant son histoire et tous ceux qui y vivent , résume Jean-Claude Chaussepied. Pour convaincre sans brusquer, le syndicat prend le temps de rencontrer les locaux et s'appuie sur les résultats très positifs d’un chantier de restauration plus réduit mais similaire, réalisé dès 2017 sur la rivière.  Une semaine après la fin des travaux, la nappe avait regagné 20 cm, sans pluie, dans cette zone , confirme Arnaud Decas, relevé à l’appui.

Grâce à son intégration au programme Nature 2050, ce projet sera pérennisé et suivi jusqu’en 2050. Les indicateurs permettront de démontrer le bénéfice des aménagements pour la biodiversité et pour la résilience du territoire face aux effets du changement climatique.

Trois actions financées et un appel à projets en 2023 

 Je suis très heureuse d’avoir vu les premières réalisations de ce projet, c'est un moment fort pour nous, il rend notre action concrète et visible pour nos sociétaires. Il traduit notre volonté d'agir. J’aurai grand plaisir à découvrir les réponses à l'appel à projets que nous lançons cette fin d'année, et à les partager avec l'équipe du fonds, le conseil d’administration, les mandataires et les élus des sociétaires MAIF, espérant une belle répartition sur notre territoire , s’enthousiasme Hélène Hannoir. 

Deux autres projets sourcés par CDC Biodiversité et financés par notre fonds démarrent également cet automne. L’un se situe dans les Marais du Vigueirat, dans les Bouches-du Rhône. Il vise à préserver les milieux méditerranéens typiques et les nombreuses espèces animales qu’il abrite. À terme, il atténuera le risque inondation et améliorera la capacité des marais à séquestrer le carbone. 

L’autre consiste à revégétaliser la ville de Rion-des-Landes. Ses principaux objectifs : réduire l'effet d’îlot de chaleur urbaine et mieux lutter contre les inondations en cas de forts orages en désimperméabilisant certaines zones comme les parkings de la commune. 

Pour sélectionner les prochains projets qu’il financera, notre fonds organise un appel à projets annuel, en partenariat avec le Fonds Nature 2050. Lancée le 3 octobre, la première édition est en cours jusqu’au 22 décembre. Les lauréats seront révélés le 9 mai prochain, lors de l’assemblée générale MAIF. Porteurs de projets, à vos dossiers !

Le savez-vous ?

Comment ce projet est-il financé ?

La restauration du Lathan nécessite 2,37 millions d’euros. La majeure partie de ce projet d’intérêt général est financée par de l’argent public : 70 % de ces subventions viennent de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne et 10 % de la région Pays de la Loire. Le fonds MAIF pour le vivant prend en charge les 20 % restants. Une prise en charge indispensable pour permettre sa réalisation. En effet, le Code général des collectivités territoriales impose au porteur du projet de participer à 20 % au moins du financement total de son opération, ou d’obtenir la prise en charge d’un mécène. C’est ce rôle que MAIF a endossé, via son fonds.