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Arts numériques : "les possibilités sont infinies"
Nils Aziosmanoff, directeur du Cube-Garges, est également producteur exécutif du symposium ISEA 2023 qui réunit à Paris "la crème de la crème des arts numériques". Petit tour d'horizon d'un univers méconnu du grand public.
Quel est ce Cube que vous dirigez à Garges-lès-Gonesse ?
Le Cube, en tant que lieu, est un espace dédié à l’innovation culturelle. Nous venons d’emménager dans nos nouveaux locaux de 8 000 m2, tout près de la mairie de Garges. En tant que membres d’un réseau associatif et militant, nous soutenons les artistes qui prennent des risques en explorant de nouvelles voies. Nous démocratisons l’accès aux technologies de la création. Et enfin, nous contribuons au débat critique sur l’impact du numérique dans nos sociétés.
Comment définir l’art numérique ?
Dans sa forme la plus basique, c’est la numérisation d’une œuvre existante. Un disque vinyle accessible au format mp3, la Joconde ou un film des années 50 qui s’affiche sur mon écran. L’échelon supérieur consiste à intégrer le numérique dans sa pratique artistique, à la manière d’un peintre qui passe de la toile à la tablette graphique. Et enfin, le troisième axe, celui qui sera plus particulièrement cultivé lors de l’ISEA 2023, ce sont les nouvelles formes de création qui ne pourraient pas exister sans les technologies numériques. C’est un champ encore émergent, très hétéroclite, pas du tout normalisé.
Quels sont les apports du numérique pour la pratique artistique ?
Ce que j’observe en premier, c’est la démocratisation des outils créatifs. La photo et la vidéo, via le téléphone portable, sont désormais à la portée de tous. Le traitement de l’image a évolué lui aussi, avec les logiciels de retouche et d’effets spéciaux désormais très accessibles. Il en va de même pour le son. On accède aujourd’hui presque gratuitement à des équipements autrefois très coûteux et réservés aux studios les plus pointus. Pour un jeune d’aujourd’hui, les possibilités sont infinies. On se dirige vers la société du « tous créateurs ».
La façon de créer est-elle modifiée ?
Oui bien sûr. On a commencé par créer des œuvres interactives dans les années 90, comme ce portrait « L’autre » de Catherine Ikam, avec lequel vous pouviez développer une relation intime, sensible. Le jeu vidéo et les métavers entrent eux aussi dans cette catégorie, puisqu’il s’agit de mondes virtuels où les événements, bien que programmés, sont déclenchés par l’action du spectateur. Avec l’intelligence artificielle, un pas supplémentaire est franchi. On peut aujourd’hui créer un dessin animé par la voix, en donnant ses instructions de scénario à une machine qui va réaliser le travail. On peut aussi créer des œuvres reliées à des flux de données, capables d’évoluer en fonction de la météo, du trafic routier ou de n’importe quel autre flux. C’est un immense terrain de jeux. Refik Anadol, l’une des figures de l’art numérique, résume bien cette révolution « la donnée remplace le pigment, l’intelligence artificielle remplace le pinceau ».
ISEA 2023 : où, quand, comment, pourquoi ?
Il est important de démocratiser l’accès aux technologies créatives afin qu’elles ne restent pas entre les mains d’une cyber-élite.
Cela vous inquiète-t-il ?
La peur n’écarte pas le danger (rire). Nous sommes aux prémices d’une révolution anthropologique sans précédent, les plateformes investissent massivement dans ces technologies et tout va très vite. Face à ces enjeux, il est important de démocratiser l’accès aux technologies créatives afin qu’elles ne restent pas entre les mains d’une cyber-élite. Il faut cultiver une démarche critique, éthique, et donner du sens au progrès. Aucune technologie n’est mauvaise en soi, elles nous renvoient à nous-mêmes.
Pourquoi avoir choisi la symbiose comme thématique 2023 ?
À l’ère des mutations numérique, sociale, économique, écologique, il nous semblait intéressant de poser la question de notre relation au monde, des interdépendances et de la relation. La symbiose peut être d’intérêt réciproque, comme l’abeille et la fleur, les bactéries et l’humain. Elle peut aussi être parasitaire, comme peut l’être un virus ou un champignon qui dévitalise son hôte. ISEA 2023 entend donc interroger la nature de nos relations symbiotiques, positives ou négatives, dans une époque en pleine recomposition.
Pourquoi parle-t-on de "révolution NFT" dans le monde de l'art ?
Les jetons non-fongibles (Non-fungible tokens ou NFT), issus de la technologie blockchain, sont l’une des applications issues de la numérisation de l’art. Ils permettent entre autres à un artiste d’exposer et vendre librement ses oeuvres, sans l’intermédiaire des galeries et sans renoncer à sa propriété intellectuelle ni à son droit de suite. Le sujet vous intéresse ? Notre site numeriqueethique.fr vous décrypte ce phénomène.
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