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23 février 2022

Quatre artistes en finale du Prix MAIF pour la sculpture 2022

En résumé

Au printemps prochain, le Prix MAIF pour la sculpture dévoilera son lauréat 2022. Quatre artistes sont en compétition : Nathan André, Alexis Cladiere, Émilie Perotto et Antoine Renard. Art, science, botanique, traitement de la donnée, leurs projets mélangent les genres et nous offrent un petit aperçu de l’immense créativité des jeunes artistes contemporains.

Notre prix invite les artistes à explorer les technologies innovantes pour les mettre au service de leur projet artistique. Et le champ des possibles semble immense ! Près de 90 artistes ont présenté cette année encore leur projet au jury du Prix MAIF pour la sculpture. Le lauréat bénéficiera non seulement d'un soutien financier, mais aussi de l'accompagnement médiatique et technique d'experts et d'entreprises pour réaliser une création inédite en deux exemplaires. Il sera désigné au printemps parmi les quatre finalistes que nous vous présentons ici.

"La Cité des souffles", de Nathan André

Que fait cet amas de bunkers et de gratte-ciels suspendu dans les airs ?

Simulations du projet Cité des souffles, courtesy de l’artiste Nathan André
Simulations du projet "Cité des souffles", courtesy de l’artiste Nathan André

Avec ce projet de sculpture, Nathan André souligne le potentiel esthétique et poétique qui réside dans les nanotechnologies. Pour faire léviter sa cité imaginaire, l’artiste souhaite utiliser de l'aérogel de silice, renforcé avec des polymères.

Cette matière, composée presque uniquement d'air, permet la production d’objets solides si légers que les fleurs en supportent le poids ! À travers sa proposition, Nathan André souhaite porter une promesse, un possible : celle de constructions nouvelles, ultralégères. Symboles d’une postmodernité́ soucieuse de ne pas prendre à la planète plus qu’elle ne peut régénérer.

Qui est Nathan André ?

Nathan André a suivi en même temps que son cursus aux Beaux-Arts du Mans une formation théâtrale au Conservatoire. Intéressé par l’histoire des luttes sociales, le mélange des civilisations et les rapports entre la technologie, le corps et la psyché, il aborde ces thématiques via la sculpture, le photomontage, le dessin et les technologies de modélisations. 

Dans ses derniers travaux, Nathan modélise des espaces virtuels immersifs et y questionne leurs impacts sur la représentation de soi et de nos fantasmes collectifs. L’artiste cherche à comprendre ce qui se joue dans ces inframondes, où le désir s’affranchit des contraintes, où l’identité peut se transformer, où l'imaginaire remplace le réel.

© DR

Il utilise pour cela les nouvelles technologies et cherche à en extraire le potentiel désirable en donnant naissance à des villes imaginaires où se réinventent les rapports sociaux, les relations à la technologie et au non-humain.

Prix MAIF pour la sculpture

Depuis 2008, notre prix donne vie à des...

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Le Prix MAIF pour la sculpture invite les artistes à explorer les technologies innovantes pour les mettre au service de leur projet artistique. Un écho aux évolutions sociétales et aux recherches des artistes, qui s’emparent des technologies actuelles, dans des domaines aussi différents que l’intelligence artificielle, l’impression 4D, la robotique...

"BioMorphisme", d'Alexis Cladiere

Le projet d’Alexis Cladiere mêle les sciences et la biotechnologie à la sculpture. Dans le contexte actuel, écologique et économique, où les ressources naturelles et les matières premières transformées viennent à manquer, il a repensé sa façon de travailler dans une démarche écoresponsable, avec des matières biodégradables et un traitement à faible taux carbone.

Simulations du projet
Simulations du projet BioMorphisme, courtesy de l’artiste Alexis Cladiere

Il insère ici le vivant dans sa démarche artistique en invitant le mycélium, l’appareil végétatif des champignons, à "grandir" sur une structure architecturale inspirée du modernisme. On peut aussi y retrouver une inspiration végétale et animale, une architecture organique, sorte de faux récif aux formes contemporaines ou encore les réseaux souterrains créés par les insectes. 

En l’espace de quelques jours, l’œuvre évoluera de façon aléatoire, guidée par la forme initiale donnée par la structure avant d’être figée par traitement thermique.

Il en résultera une création légère, de basse densité, solide et résistante ; une alternative aux matériaux polluants, car le champignon est une matière naturelle inépuisable. Ce dernier est indispensable à la vie, il permet la régénérescence et recrée la vie autour de lui. À travers ce projet, l’artiste souhaite montrer la source inépuisable que représente l’alliage des sciences, de la biotechnologie et de l’art.

Qui est Alexis Cladiere ?

Artiste plasticien et designer, il vit et travaille en région parisienne. Après des études en mathématiques, il a été directeur de création pendant dix-huit ans dans des agences d’architecture globale à Paris, et a développé en parallèle le projet 36recyclab, un laboratoire de recyclage, afin de créer des sculptures à partir de déchets informatiques et électriques. En 2019, il crée le STUDIO +36, un studio de création où il réalise des sculptures, des peintures, des images virtuelles et des prototypes de mobiliers.

Son travail est une écriture qui mêle architecture, urbanisme, technique industrielle. Il crée des villes utopiques en impression 3D et résine époxy, des "peaux" en plaques d’aluminium, des sculptures (ou microarchitectures) en aluminium, en béton ou en bois. Il travaille aujourd’hui sur des projets de sculptures urbaines de grand format.

© DR

"Datasculpture", d'Émilie Perotto

Émilie Perotto souhaite traiter la question des nouvelles technologies sous le prisme des données. Avec son projet Datasculpture, elle ambitionne de traduire plastiquement et de rendre perceptible des extraits de data.

Simulations du projet
Simulations du projet Datasculpture, courtesy de l’artiste Émilie Perotto

Elle a choisi de confronter notamment au nombre de kilogrammes d’or extraits des dix-sept premiers pays producteurs d’or (Chine, Australie, Russie, États-Unis, Canada, Pérou, Ghana, Afrique du Sud, Mexique, Soudan, Ouzbékistan, Indonésie, Kazakhstan, Brésil, Papouasie Nouvelle-Guinée, Argentine et Mali) à la mortalité infantile des moins de 5 ans.

L’artiste propose de matérialiser ces datas sous forme de L. Ainsi, la sculpture permet de ne pas décider d’une façon de poser la sculpture, et laisse donc libre à chacun l’interprétation de ces données. Afin d’expérimenter la traduction des données trouvées grâce à l’impression 3D céramique, Émilie Perotto souhaite travailler avec des chercheurs, designers et spécialistes.
 

Qui est Émilie Perotto ?

Elle pratique la sculpture, qu’elle envisage comme le médium de rencontre (mentale et physique) entre un corps humain et un corps plastique dans un espace défini. Émilie Perotto est diplômée de l'ENSA Villa Arson. Son travail établit des réciprocités d’apports entre elle-même et les personnes qu’elle implique dans la production de ses pièces. Des relations de confiance, de soin et de responsabilité se nouent autour des sculptures qui deviennent des objets sociaux, offrant une expérience active de la sculpture, ainsi qu’une réflexion sur la notion d’autorat, sur le positionnement social de l’artiste et le statut de l’objet d’art. 

© Akim Ayouche

Elle a soutenu en 2016 sa thèse de doctorat de création centrée sur les pratiques sculpturales contemporaines envisagées comme des situations, tant dans leurs modes de production que dans leurs liens aux objets ainsi que dans les usages qu'elles suscitent (Aix-Marseille université/ESADMM). 

Plusieurs de ses sculptures sont installées de façon pérenne à la Fondation Albert Gleizes Moly Sabata, à Sablons, et dans la Forêt d’art contemporain, dans les Landes. Elle met régulièrement en œuvre des actions sculpturales, comme récemment à l’université Bordeaux-Montaigne, au Centre Georges Pompidou, à Paris, à l’INHA, à Paris. Depuis 2013, elle enseigne la sculpture à l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne.
 

"a.m.o.r." (automatic metadata orchid research), d'Antoine Renard

À travers sa sculpture a.m.o.r (automatic metadata orchid research), Antoine Renard cherche à rendre visible une possible synergie symbiotique entre les plantes, les humains et les machines, et contribuer ainsi à une meilleure compréhension et respect de notre environnement.

Études 3D de forme potentielle de l’œuvre
Études 3D de forme potentielle de l’œuvre "a.m.o.r.", courtesy de l’artiste Antoine Renard
Simulation du dispositif olfactif d'a.m.o.r., courtesy de l’artiste Antoine Renard
Simulation du dispositif olfactif d'a.m.o.r., courtesy de l’artiste Antoine Renard

L’orchidée Oprhys est ici sa source d’inspiration et de recherche. Sa particularité ? Elle évolue physiquement, olfactivement et génétiquement, en symbiose avec certaines espèces d’insectes pollinisateurs comme le bourdon, la guêpe, le frelon et l’araignée. En créant un algorithme d’apprentissage inspiré de la fleur et accessible en temps réel sur internet et dans l’espace d’exposition grâce à un dispositif alliant odeurs et réalité augmentée, l’artiste propose une œuvre qui n’est pas pensée comme une forme stable, mais un flux 3D olfactif intelligent.

Ce flux assisté par ordinateur, fluctuant entre espace physiologique et espace virtuel, se développe et évolue à la croisée des genres entre art, botanique et informatique. Antoine Renard collaborera avec des botanistes, des parfumeurs et des informaticiens afin de réaliser sa sculpture odorante et multisensorielle.

Qui est Antoine Renard ?

Essentiellement sculpturale, l'œuvre d’Antoine Renard s’élabore autour de problématiques liées au corps, à la mémoire, à l’enivrement et au soin. Il mène une investigation sur les plantes et les parfums, en s’intéressant notamment à leur implication dans la construction psychique, mémorielle et identitaire des individus et du corps social. 

Diplômé des Beaux-Arts de Dijon en 2008, Antoine Renard est lauréat de nombreux prix et résidences, notamment Inkubator innovator fellowship (Allemagne, 2015), Goethe institut residency Prague (République Tchèque, 2017), Résidence Komplot, Bruxelles (Belgique, 2018). En 2019, il est lauréat du prix Occitanie de la villa Médicis et bénéficie la même année de la bourse de soutien au projet artistique du CNAP, ainsi que d’une résidence à la Cité internationale des arts de Paris. Il a récemment bénéficié d’une exposition personnelle au centre d’art Crac Occitanie à Sète, ainsi qu'à la galerie Nathalie Obadia en 2021, galerie qui le représente depuis 2020. Par ailleurs, Antoine Renard est le lauréat du programme doctoral SACRe 2020 de l’université PSL en partenariat avec les Beaux Arts de Paris. Sa thèse, sous la direction de Pascal Rousseau, se focalise sur l’olfaction comme champ étendu de la sculpture. 

© DR

Les finalistes ont été sélectionnés par un jury indépendant, composé d’experts, professionnels de l’art et de l’innovation :

  • Dominique Mahé, président de la MAIF et président du jury
  • Nils Aziosmanoff, président cofondateur du Cube, centre de création numérique
  • Manuela de Barros, chercheuse et maîtresse de conférences en philosophie, esthétique et théories des arts, au département Arts plastiques de l’université Paris 8
  • Marialya Bestougeff, directrice de l’innovation du Centquatre-Paris
  • Alexandre Bohn, directeur du Fonds régional d’art contemporain Poitou-Charentes
  • Gaël Charbau, critique d’art et commissaire d’exposition indépendant
  • Anne Langlois, directrice du centre d’art 40mcube à Rennes
  • Hervé Pérard, délégué général de Siana, Centre de ressources pour les cultures numériques, et trésorier de Tras (Transversale des réseaux arts-sciences).

Le lauréat sera connu dans quelques semaines.