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14 août 2019

Bien scanner les aliments avant de les avaler

En résumé

« Les étiquettes, personne n’y comprend rien. Impossible de comparer deux aliments entre eux ! Il fallait une base de données publique et nous l’avons créée ». Ainsi s’exprime Stéphane Gigandet, créateur d’Open Food Facts, l’appli qui aide à bien remplir son caddy.

Père avec sa fille en train d’utiliser son portable
L'application gratuite Open Food Facts décrit en profondeur près d'un million de produits d'alimentation : il suffit de scanner le code barres situé sur l'emballage.© Maskot/GettyImages

Extraire un pot de confiture du rayon, en scanner l’étiquette. Le reposer, en prendre un autre, scanner l’étiquette. Froncer les sourcils, hésiter. « À ce rythme, je vais y passer deux heures mais c’est ludique » indique Vincent avant de remiser son smartphone. Le matin même, il a téléchargé l’application Open Food Facts et les premiers pas sont prometteurs. « J’ai scanné la plupart des produits que j’ai l’habitude d’acheter et je suis plutôt rassuré. » Ne souffrant pas d’allergie particulière, le jeune quadragénaire utilise l’application par curiosité. « Mon but aujourd’hui c’est de constituer une liste de courses standard, en retenant les meilleurs produits dans chaque catégorie. J’ai eu une mauvaise surprise sur le pain de mie, du coup j’ai changé de marque ». « C’est exactement pour cela que nous avons créé Open Food Facts, nous voulons aider les personnes à mieux s’alimenter » se réjouit Stéphane Gigandet, qui a créé le site en 2012.

« Je prends souvent l’exemple des céréales de petit déjeuner. Sur la boîte, les mots « extra » et « au délicieux goût de chocolat » sont imprimés en caractères géants. Mais si je scanne le code-barres, l’appli me donne un produit plus que médiocre, avec 45 % de sucre et une bonne dose d’huile de palme. Rien d’extra donc ! ».

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Nutriscore : de A à E

Open Food Facts donne accès à pléthore d’informations : en un coup d’œil, l’acheteur sait à quoi il a affaire. Le Nutriscore (de A à E), affiché en tête d’écran, démasque les produits trop riches en sels, sucres ou graisses saturées. Juste à côté, le code NOVA mesure le taux de transformation du produit sur une échelle de 1 (brut) à 4 (ultra transformé). La liste des ingrédients est également retranscrite. « Plus elle est longue et plus on a de risques d’y trouver des produits que personne n’utilise dans sa cuisine ! » précise Stéphane Gigandet. Colorant, émulsifiant, acidifiant, exhausteur, conservateur… l’industrie agroalimentaire a créé d’innombrables molécules, capables d’améliorer la couleur d’un produit, sa texture, son goût ou sa résistance au temps. Les additifs pour lesquels l’agence européenne de santé alimentaire a identifié un risque de surconsommation sont signalés en rouge par l’application. La liste des ingrédients, traitée par intelligence artificielle, offre une plus-value aux personnes suivant un régime particulier : végétalien, végétarien, halal, casher… Les allergènes* et composants nocifs à l’environnement sont également mentionnés.

* lait / lactose, gluten, œufs, soja, noix et fruits à coque, poisson, céleri, moutarde, sulfites, graines de sésame, crustacés, mollusque, lupin

Open food facts : une application gratuite, pour le bien commun

Open Food Facts est une association loi 1901. « Tout ce que nous faisons est gratuit et pour le bien commun » atteste Stéphane Gigandet lors du Data Day organisé par la MAIF en janvier 2019. « Notre base de données est en accès libre. Tout le monde peut s’y connecter, simple consommateur ou chercheur, que ce soit pour chercher des informations ou ajouter un produit manquant ».
Open Food Facts est en effet alimentée au fil du temps (et bénévolement) par ses utilisateurs, sur le modèle de wikipedia. La légende raconte que Stéphane Gigandet a commencé le travail lui-même, en entrant les 400 premiers aliments. C’est relativement facile : si le produit scanné n’est pas répertorié, l’appli propose de l’ajouter. Pour cela, il faut prendre une série de photos : produit de face, liste des ingrédients, répartition glucides/matières grasses/protéines… Il faut ensuite vérifier que le logiciel de reconnaissance a bien retranscrit le texte, corriger si nécessaire. Puis valider : l’indice NOVA et le Nutriscore sont automatiquement calculés. Cette collecte citoyenne est réalisée à l’échelle planétaire, dans toutes les langues, avec des contributeurs de tous les pays. Près d’un million d’aliments sont répertoriés, dont 500 000 en France. Cela représente environ 65 % du marché total alimentaire et près de 90 % des articles les plus consommés (estimation Open Food Facts).

Nous nous interdisons de critiquer les produits ou d'en faire la publicité.

« Notre démarche est scientifique : les faits, rien que les faits. Nous nous interdisons de critiquer les produits ou d’en faire la publicité » souligne Charles Nepote, secrétaire de l’association. « En revanche, notre appli permet au consommateur d’explorer la base de données et de comparer les aliments. C’est lui qui choisit au final. Et si un producteur n’est pas content, il peut modifier sa recette ! »
L’association Open Food Facts vit essentiellement de dons. En 2018, elle a cependant reçu une subvention de Santé Publique France pour créer une plateforme dédiée aux producteurs. Grâce à cet outil, les entreprises pourront référencer leurs produits elles-mêmes, même s’ils sont distribués à une échelle très locale. Les consommateurs attentifs au bilan carbone de leurs achats devraient apprécier ! « C’est l’un des axes forts de notre politique » poursuit Charles Nepote. « Nous voulons exploiter toutes les informations liées à la traçabilité des aliments, via notamment le code emballeur. Ainsi, au-delà de la qualité nutritionnelle, l’utilisateur sera renseigné sur l’impact environnemental de son achat. Par exemple, on sait que le soja sud-américain et l’huile de palme contribuent à la déforestation. »

Stabiliser les revenus d’Open Food Facts

Grâce aux dons reçus depuis sa création, Open Food Facts s’est étendu : les cosmétiques et la nourriture pour animaux de compagnie sont entrés dans la base. Des modules d’intelligence artificielle ont été ajoutés, qui facilitent et sécurisent le travail des contributeurs bénévoles. Pour Charles Nepote, cependant, ce modèle nécessite une consolidation. « Des développeurs nous donnent beaucoup de leur temps depuis des années. À un moment, ce n’est plus possible, nous souhaiterions vraiment les embaucher. Pour cela, la plateforme doit stabiliser ses revenus, à la manière de Wikipedia qui collecte en France plusieurs centaines de milliers d’euros chaque année ».
Une autre façon de participer Open Food Facts consiste à utiliser le moteur de recherche Lilo, qui reverse une partie de ses bénéfices à des associations. N’hésitez pas !

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