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Ils veillent sur la Manche
Samedi 15 juin. À deux pas des falaises d’Étretat, et entre deux averses, la petite station de sauvetage en mer d’Yport baptisait son nouveau bateau d’intervention. Nous y étions !
Un pays de falaises
Pour ceux qui ont le bonheur de connaître, Yport est une charmante station balnéaire de Seine-Maritime. Le village compte 800 habitants l’hiver, 3 000 en été. Nous sommes en plein pays de falaises. Au nord, à 6 km, Fécamp est un port chargé d’histoire. Jusqu’en 1980, ses marins partaient pour de très longues campagnes, traquant la morue jusqu’aux bancs de Terre-Neuve. Au sud, toutes proches, les célèbres falaises d’Étretat attirent chaque année plus d’un million de visiteurs. Et au large, dernier arrivé dans le paysage, le parc de 71 éoliennes offshore impressionne par sa démesure. Inauguré en avril, il alimente 780 000 foyers normands en électricité.
MAIF – SNSM : partenaires depuis 30 ans
En trente ans de partenariat, MAIF a versé environ 4 millions d'euros à SNSM-Les sauveteurs en mer. Outre le renouvellement de la flotte, la MAIF contribue au financement du site pédagogique Graines de sauveteurs et des bracelets d’identification pour les enfants en vacances. Bien pratiques pour appeler les parents au mégaphone quand un bout de chou est perdu sur la plage ! Pour en équiper votre enfant, rendez-vous en délégation MAIF ou directement dans le local SNSM de la station balnéaire.
Un grand patron : le Cross Gris-Nez
Le grand gardien des lieux, c’est le Cross* Gris-Nez. Ses radars veillent sur toute la portion de littoral qui s’étend du cap d’Antifer, au nord du Havre, jusqu’à la frontière belge. Dans sa partie nord, près de Calais, c’est la voie maritime la plus fréquentée au monde, quotidiennement empruntée par plus de 400 navires commerciaux. Un joyeux micmac, où les pétroliers lancés vers Rotterdam coupent la route des ferries pour l’Angleterre… Du véliplanchiste en détresse jusqu’au porte-conteneurs pris dans la tempête, les personnels du Cross captent tous les appels de détresse. Nous déclenchons les moyens de secours les plus adaptés à la situation, en fonction de la distance, des conditions météo et de la taille de l'engin à secourir
, détaille Camille Liégeois, cheffe des opérations. Les stations de la SNSM** interviennent principalement auprès des chalutiers, des plaisanciers et des promeneurs coincés par la marée.
* Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage.
** Dans le secteur d'Yport : Fécamp (canot tous temps + semi-rigide), Yport (semi-rigide + paddles) et Le Havre (vedette de 1ère classe + semi-rigide). Des représentants des trois stations étaient d'ailleurs présents le 15 juin à Yport, ainsi que ceux du Tréport et de la station fluviale de Poses, sur la Seine.
Le Chicard était très attendu !
On accède à la plage d’Yport par une rue en pente, bordée de maisons typiques et de commerces anciens. Posé sur les galets, bardé de pavillons multicolores, le Chicard s’expose aux regards. C’est le héros du jour, grâce à qui la station de sauvetage en mer d’Yport a pu reprendre ses activités. En temps normal, nous effectuons une vingtaine d’interventions par an
, dénombre Jean-Claude Lars, président de la station. Mais cette année, faute de bateau en bon état, nous étions en chômage technique. Autant dire que nous étions impatients !
Le Chicard est un bateau semi-rigide de sept mètres équipé pour le sauvetage avec radio VHF, brancard flottant et matériel de premier secours. C'est l'équipe qui a choisi le nom, je me suis incliné devant la démocratie
, sourit Jean-Claude Lars. Le Chicard, à Yport, est le nom de la falaise qui barre le sud de la ville, bouchant la vue sur Étretat. Avec sa coque d’aluminium, ses flotteurs gonflables et son moteur de 115 CV, le nouveau navire peut emporter dix personnes à une vitesse de 30 nœuds. En comparaison, le premier bateau de la station d’Yport, fondée en 1883, était une barque en bois à 18 rameurs. Il fallait un sacré courage pour affronter la tempête à son bord, sans compter les difficultés de mise à l’eau
, suppose Jean-Claude Lars. Sous l’effet des vagues et des marées, la plage d’Yport subit en effet des transformations incessantes. Le manteau de galets se hérisse, dressant des barrières invisibles qui fracassent les embarcations. Le Chicard en a déjà souffert : à sa première sortie, l’hélice a été endommagée.
Une équipe jeune et bien équipée
Indisponibles en semaine faute d'accord de leur entreprise, les huit pilotes et plongeurs bénévoles d'Yport se relaient les week-ends, périodes de vacances et jours fériés. En semaine, le Cross Gris-Nez se reporte sur Fécamp, dont l'effectif beaucoup plus nombreux facilite les rotations. Quatre personnels non-navigants complètent l’équipe d’Yport. Au sens propre, ce sont eux qui tiennent la boutique. Chaque week-end en effet, la station déballe un magasin de plein air. Écussons, tee-shirts, polos, mugs, objets divers : la vente de produits dérivés finance l’équipement des sauveteurs, l’essence et l’entretien du bateau. Sans ce revenu, la station s’arrêterait… Et l’addition monte vite ! Aujourd’hui, tous les sauveteurs sont revêtus d’une combinaison flottante de néoprène (400 €) qui protège parfaitement du froid et des intempéries. En boutonnière, de puissantes led clignotantes permettent de localiser le sauveteur dans les vagues et depuis le ciel, même en pleine nuit. À portée de main, un couteau pour se libérer des entraves. Casque sur la tête (350 €), bottines de protection (20 €) : le sauveteur est paré à affronter la mer.
Mayday, mayday ! Comment appeler le Cross ?
Par radio, le canal 16 VHF est 100 % destiné aux appels de détresse.
196 : c'est le n° d'appel du Cross par téléphone mobile.
Le conseil du Cross aux plaisanciers, surfeurs et kitesurfeurs, paddlistes : emportez un téléphone mobile enveloppé dans une poche étanche.
Le Trou à l'Homme : une grotte chronophage
Les sauveteurs d’Yport passent le plus clair de leur temps d'intervention à secourir les promeneurs acculés par la marée. Et plus particulièrement à la grotte du Trou à l’Homme, au pied des falaises d’Étretat. Malgré des panneaux d’avertissement rédigés dans toutes les langues, des visiteurs s'y font régulièrement piéger. Au moins dix fois par an
, soupire Jean-Claude Lars. Bien qu’à l’abri du danger, ils préfèrent appeler les secours plutôt que de passer la nuit au froid. Les sauveteurs d’Yport*** se retrouvent alors à prendre des risques pour secourir des personnes victimes de leur propre imprudence. C’est un peu notre lot quotidien. Les personnes ne savent pas forcément que les secouristes sont bénévoles, dans leur esprit nous sommes une sorte de service public
, analyse Philippe Valetoux, délégué départemental SNSM - Les sauveteurs en mer. Le 7 juin 2019, aux Sables-d’Olonne, le décès de trois sauveteurs en pleine tempête a provoqué un changement de doctrine. Depuis cette date, il revient au patron de la mission d’apprécier la situation. Si le risque est trop grand, il peut légalement refuser une mission de sauvetage, à condition bien sûr d’en informer le Cross.
*** En toute logique, c'est la station de sauvetage d'Étretat qui devrait intervenir dans cette grotte. Mais il n'y en a pas, bien que la ville soit bien plus grande qu'Yport ! C'est ainsi
, commente Philippe Valetoux, délégué 76 SNSM. Le sauvetage repose sur le bénévolat, il faut pouvoir former une équipe.
Trop d’imprudences en mer
L’an passé, de retour d’un exercice, nos sauveteurs ont intercepté un véliplanchiste qui transportait tranquillement sa femme et deux enfants, sans gilet de sauvetage
, rapporte Jean-Claude Lars. Nous lui avons interdit de continuer sa route et l’avons obligé à revenir.
L’imprudence en mer, comme en montagne, peut être lourde de conséquences. Une simple promenade sur la plage peut virer au drame
, rappelle Jean-Claude Lars. Nous avons des rochers hyper-coupants, sur lesquels il ne faut surtout pas s’aventurer pieds nus. Heureusement, notre local est très en vue à l’entrée de la plage et les gens s’arrêtent souvent d’eux-mêmes pour prendre les infos.
Yport est par ailleurs un spot apprécié des amateurs de surf, kitesurf et planche à voile. Certains d’entre eux surestiment leurs capacités et se retrouvent dans les rochers, avec parfois de vilaines blessures
, témoigne Jean-François Robinet, plongeur-sauveteur.
L'assurance bateau MAIF, indispensable pour naviguer
En France, le secours en mer des personnes est gratuit. Mais le remorquage de l'embarcation est très souvent facturé. L'assurance bateau MAIF est "sur-mesure" : vous choisissez entre trois formules de protection.
Une formation ad hoc
Pour rester au top, tous les sauveteurs passent au moins une matinée par mois en formation. C’est une obligation pour rester dans l’équipe d'intervention, on ne peut s’y dérober
, précise Jean-Claude Lars. Pilotage, hélitreuillage, récupération de mannequin dans les vagues, abordage de bateau en perdition : les exercices sont répétés au large, en conditions hyperréalistes. À terre, l’entraînement se poursuit par la répétition des gestes de premiers secours, à savoir par cœur en attendant l’arrivée des pompiers ou du Samu. Bonne condition physique et sang-froid sont les critères principaux de recrutement des jeunes sauveteurs. Il faut supporter la vue des blessures, la panique des victimes, les hurlements…
Sans oublier les nageurs-sauveteurs et la surveillance des plages !
Juchés sur leur guérite en surplomb, jumelles en bandoulière, les nageurs-sauveteurs sont souvent issus de la SNSM. Moins spectaculaire que le secours en mer, leur mission est tout aussi indispensable. Enfant échappant à la surveillance des parents, nageur emporté par le courant, malaise sur l’eau… chaque année, ils sauvent des centaines de vies. La formation des nageurs-sauveteurs est beaucoup plus poussée que vous ne pouvez croire : de huit mois à un an sont nécessaires pour réussir les six diplômes du cursus !
Rencontre avec Kevin, maître-nageur sauveteur à La Tremblade (17). Un cadre de travail très sympa pour des missions salvatrices !