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MAIF Transition : il fera bio demain !
En résumé
En France, l’offre en fruits et légumes issus de l’agriculture biologique ne parvient pas à répondre à une demande croissante. Comment favoriser la conversion bio ou l’installation de jeunes agriculteurs bio ? Tout en favorisant la transition énergétique ? Le fonds MAIF Transition vient d’être créé pour investir dans cette voie innovante. Par exemple, avec le concept d’Agrinergie® d’Akuo Energy, premier producteur indépendant d’énergie renouvelable en France.
Un Milan noir surfe sur les bourrasques d’un vent brûlant. Sans un battement d’ailes, il survole les immenses ombrières de Bellegarde, à une vingtaine de kilomètres de Nîmes : presque 5 hectares de cultures fruitières à l’abri d’une gigantesque toiture ajourée, composée de plus de 32 000 panneaux photovoltaïques. Sur une partie du site, les abricots arrivent à maturité et la récolte a débuté. « Tout est en agriculture biologique ici, précise Marc Portier, le maître des lieux. Sur l’autre partie du site, nous avons planté d’autres abricotiers, des cerisiers et des vignes pour du raisin de table. Mais ils ne seront en production que l’année prochaine… » Des fruits bio qui poussent à l’ombre d’une centrale solaire produisant 5,9 MW, de quoi alimenter près de 1 600 foyers ! C’est l’originalité de ce concept d’Agrinergie® créé par Akuo Energy, premier producteur indépendant d’énergie renouvelable en France.
Depuis sa création en 2007, Akuo Energy a développé un savoir-faire qui a fait ses preuves, notamment outre-mer ou en Corse. « Pour mener des projets participant à la fois à la transition agricole et à la transition énergétique, c’est le meilleur partenaire et le plus expérimenté, précise Pascal Demurger, directeur général de la MAIF. C’est pour accompagner Akuo Energy dans de telles réalisations que nous venons de créer le fonds MAIF Transition. Dans un premier temps, ce fonds est doté de 50 millions d’euros, ce qui va permettre de financer une douzaine de projets. J’espère que nous pourrons, en fonction de la nature des projets, de leur qualité et de leur pertinence, monter rapidement à 400 millions d’euros. Cet accompagnement financier est le seul moyen pour engager une transition à grande échelle sur notre territoire. »
La création d’emplois non délocalisables
C’est au milieu des abricotiers de Bellegarde que cette annonce a été faite début juin 2019. « La production d’énergie renouvelable permet aux exploitants agricoles, nouveaux ou en conversion, de financer leur transition vers une agriculture biologique pour répondre à une demande en forte croissance, explique Eric Scotto, PDG d’Akuo Energy. Nos projets sont dans l’esprit d’une agriculture bio associée au local, pour répondre à une exigence légitime de circuits courts durables. Les agriculteurs partenaires de MAIF Transition pourront revaloriser le sol et créer des emplois non-délocalisables, en préservant et en régénérant le patrimoine naturel. »
Pascal DEMURGER, directeur général de la MAIF"Les entreprises ont un impact sur l’économie, le social, l’environnement. À la MAIF, nous souhaitons prendre toute notre part pour avoir un impact positif."
Lors du lancement du fonds MAIF Transition à Bellegarde, des acteurs du monde agricole étaient présents. Pascal Demurger n’a eu aucun mal à les convaincre de la logique de cet investissement : « Les entreprises ont un impact sur l’économie, le social, l’environnement. À la MAIF, nous souhaitons prendre toute notre part pour avoir un impact positif. Déjà, 83 % de nos investissements sont réalisés de manière socialement responsable. C’est un pourcentage qui n’existe nulle part ailleurs ! La création de ce fonds nous permet d’aller plus loin encore, en agissant très concrètement sur notre territoire. Tout en contribuant à la transition énergétique, nous allons accompagner des agriculteurs qui souhaitent passer à l’agriculture biologique et ils sont de plus en plus nombreux. Cette transition est difficile, sur le plan financier en particulier, avec des besoins en fonds de roulement pendant les trois années de la conversion au bio. Il faut qu’un acteur, en l’occurrence un assureur, accepte de prendre ce risque et d’avoir une vision de long terme… »
La restauration écologique des sols
Sur un territoire aussi ensoleillé que le Gard, ce ne sont pas les projets de centrales solaires qui manquent. « Nous avons le soleil, mais aussi l’eau, qui est une richesse noble et rare, a rappelé Juan Martinez, le maire de Bellegarde. C’est pourquoi je souhaite que notre territoire agricole, qui est irrigué, reste un territoire agricole de production ! » Avec véhémence, il évoquait ainsi cette nécessité de maintenir en culture des terres arables, qui freine légitimement le développement de la production photovoltaïque en France. Mais la force des projets d’Akuo Energy, c’est de concevoir des projets qui mixent la production d’électricité et le volet agricole, sous ombrières ou sous serres.
« Tous les projets sont étudiés par AgriTerra, explique Thibault Grangé, qui dirige cette filiale d’Akuo. Nous réunissons des ingénieurs agronomes pour développer des projets agricoles en synergie avec les projets énergétiques. Nous avons été mandatés pour développer le volet agricole de MAIF Transition : l’identification des terrains, l’étude de viabilité de la production et bien sûr l’accompagnement des porteurs de projets. Pour les trouver, nous nous appuierons sur des acteurs comme les chambres d’agriculture et les CAB (les groupements de coordination agrobiologique). Il faut souligner que MAIF Transition va aussi participer à la restauration écologique des sols. On ne va pas cibler les terres les plus chères, plutôt celles de moyenne qualité que nous allons améliorer : plantation des haies, mise en place de compost dans les sols, actions pour redonner de la vie aux sols… »
Cet accompagnement est important. Réaliser des cultures sous un panneau photovoltaïque exige un savoir-faire particulier. Arboriculteur, Jean-Luc Tarantini a suivi le projet de Bellegarde : « C’était un peu fou, au départ. Après de nombreuses analyses de feuilles, de fruits, de rameaux, nous avons constaté que tout fonctionnait. Le sol ne souffre d’aucun lessivage par les pluies et la minéralisation est bonne. La plante assimile bien tous les éléments et aucune carence n’est à déplorer. En revanche, elle accumule dans ses réserves énormément d’azote. Nous pensons que le manque de luminosité lui fait craindre de ne pas exister. Elle fait du bois au lieu de faire des fruits et aucun apport d’engrais n’a été fait depuis cinq ans, si ce n’est, récemment, la restitution des bois de taille. Il a donc fallu rassurer nos arbres et leur prouver qu’ils pouvaient continuer à croître en produisant des fruits ! »
Avec le soutien des chauves-souris
Le cycle de l’abricotier sous ombrière est complexe, mais il présente aussi des avantages, en réduisant l’exposition des fruits aux aléas climatiques, en les protégeant des maladies cryptogamiques (champignons), en réduisant de 40 ou 50 % les besoins en eau… L’exploitation de Bellegarde est aussi un exemple d’intégration d’une culture dans son environnement naturel. Des ruches ont été installées pour la pollinisation et la mise en place d’une haie favorise la présence d’oiseaux, auxiliaires des cultures. « Nous avons aussi installé des nichoirs à mésanges et à chauves-souris, ajoute Marc Portier, l’arboriculteur de Bellegarde. Les mésanges protègent les arbres fruitiers des insectes comme les chenilles défoliatrices, la Tordeuse de la pelure ou l’Anarsia. Quant aux chauves-souris, elles préservent les fruits de la Drosophile suzukii (1). Et l’aménagement d’une mare biologique est en cours, pour contribuer à la biodiversité du site. ».
(1) Une espèce invasive, apparue en France en 2010 seulement. Contrairement à d’autres mouches des fruits qui affectionnent les fruits pourris, ce moucheron asiatique attaque les fruits frais (cerises, prunes, abricots, etc) dans lesquels elle pond ses œufs. Ses larves se développent alors à l’intérieur du fruit, lui faisant perdre toute sa valeur commerciale.